L'ESPRIT DE LA SCOP AU TEMPS DES CERISES
Société coopérative ouvrière de production » est affiché en grandes lettres blanches sur la devanture du restaurant. « On a longtemps oublié d’indiquer ‘restaurant’ tellement c’était important pour nous, » explique Guy Courtois, qui travaille au Temps des cerises depuis plus de 40 ans.
Fondé en 1976 par des musiciens, poètes, acteurs (et un cuisto) la coopérative se veut être à l'origine un lieu de vie, de réflexion, d’échanges politiques et artistiques, ancré dans son quartier de la Butte aux Cailles.
Aujourd’hui encore, le restaurant vibre à chaque service des conversations animées. L’étonnante devanture et la déco, toute en affiches bariolées et en meubles anciens, interpellent les clients. Mais qu’est-ce donc qu’une SCOP ?
Ici, il n’y a ni propriétaire, ni patron. Le capital appartient majoritairement aux salariés et chacun d’entre eux à le même pouvoir décisionnel en assemblée générale, quelque soit le nombre de parts qu’il ou elle détient. Fondé dans l’esprit de la Commune de Paris, à laquelle son nom fait référence, le Temps des cerises applique à la lettre le principe : une personne = une voix.
L’organisation quotidienne du restaurant a ainsi beaucoup évolué au fil des équipes. « On a tout essayé », témoigne Guy, « les tâches tournantes, en salle, en cuisine, les réunions hebdomadaires, l’égalité salariale, un gérant, deux co-gérants, … ». Les salariés sont sociétaires et décisionnaires, ils s’approprient en quelque sorte leur outil de travail.
Outre des employés plus engagés, ce modèle a souvent pour conséquence la pérennisation de l’entreprise. L’objectif premier n’est pas le profit à tout prix, mais d’éviter la revente et les licenciements. Guy Courtois l’explique ainsi : « Lorsqu’on est sociétaire, on ne peut pas faire de plus-value à la revente de ses parts donc quand les finances vont mal, on se serre les coudes : si il faut on baisse un peu les salaires, on se redistribue les heures de travail, on pioche dans nos réserves, mais on ne vire personne ».
Au moins 25 % des bénéfices d’une scop sont distribués à ses salariés (près de 45 % en pratique) et 16 % au moins (également près de 45 % en pratique) sont destinés au développement de la société ou aux périodes difficiles, comme ce fut le cas pour le Temps des cerises. « Cette année, on a eu un déficit de 70 000 €, mais on a pu puiser dans nos réserves statutaires pour rebondir », explique Guy.