« LES FURTIFS », UNE DYSTOPIE OÙ LA CONSOMMATION RÈGNE EN MAÎTRE
À l’occasion de la campagne présidentielle, Demain en mains replonge dans « Les furtifs ». Ce roman de science-fiction d’Alain Damasio anticipe l’une des peurs de la rédaction : une société de consommation sans limites.
C’est une claque politique... Dans « Les furtifs » (édition La Volte), Alain Damasio décrit une France en 2040, à la frontière de la série « Black Mirror » et de « 1984 » d’Orwell. On vous résume quelques grandes lignes de cette dystopie très difficile à lire, dense, bourrée de néologisme et polyphonique, mais passionnante par son engagement militant. Lecteur grand public s’abstenir !
Dans ce monde cauchemardesque, nos villes ont fait faillite. Désormais, elles sont privatisées par des firmes multinationales (Orange, Warner Bros…) qui les gèrent en totale absence d’intérêt général. Les maires sont élus par des actionnaires.
Pour y vivre, les citoyens doivent payer des forfaits discriminant les plus démunis. Ces derniers sont expulsés de grandes tours où ils vivent manu militari. Des militants se regroupent, façon zones à défendre (ZAD), et affrontent des milices privées violentes avec courage.
L’Etat est à genoux devant l’économie. Sa police interpelle en vertu du code de la concurrence. Les juges condamnent les activistes à la peine de « vendiant ». C’est-à-dire à vendre des produits dans la rue tout en étant mendiant. Beaucoup portent des bagues de surveillance collectant toutes les données personnelles. Les enseignants sont pourchassés pour « activité illégale ».
La publicité, dite personnalisée (ou « one-to-one », car l’anglicisme a aussi gagné les élites dirigeantes), est odieuse, intrusive : elle vous piste dans la rue, vous propose des produits adaptés avec votre nom affiché sur des écrans géants.
Bref, la consommation pour seul horizon
Ou presque… Car il reste encore un mystère, non dominé par le commerce humain : les furtifs. Ces êtres légendaires, invisibles et insaisissables, se cachent dans les zones d’ombre. Leurs facultés de déplacement sont ultra-rapides.
Lorca Varèse, héros du roman, 40 ans, entre dans une unité d’élite de l’armée qui traque et essaye d’en capturer un vivant, en vain, depuis des années (pour en faire des brevets et des armes, bien entendu). Son objectif personnel diffère beaucoup… Les furtifs ont, croit-il, kidnappé sa fille de 4 ans. Sa quête pour la retrouver mènera le lecteur aux portes de la folie.