"LE NIVEAU DE VIE DES AMÉRICAINS N'EST PAS NÉGOCIABLE"
Nous avons tendance à prêter aux hommes de pouvoir des formules intelligentes. Il est vrai que ces derniers les recherchent avidement, non rassasiés de dominer nos sociétés verticales, ils frémissent parfois à l’idée d’imposer leurs personnes à l’Histoire. Pour ce faire, l’épitaphe doit avoir la classe ! Au détriment de sa pertinence.
« Je vous ai compris » a dit un jour un général n’ayant rien compris à l’Algérie.
« Make our planet great again » a esquissé en anglais un français auto-proclamé écolo mais incapable d’écologie. Toutefois, de toutes les citations historiques bien-senties, il sera difficile de rivaliser par la force de sa bêtise avec celle de Georges Bush Senior, prononcée au dit « Sommet de la Terre » de Rio en 1992.
« Le mode de vie américain n’est pas négociable »
Pas de bol, les Etats-Unis ont toujours été un producteur majeur des gaz à effets de serre. Leur mode de vie (mais pas leur qualité) n’étant pas négociable (donc insoumis à la réflexion), ils le sont restés. En 2015, le pays représentait 14% des émissions mondiales de CO2 (pour 4% de la population mondiale) cela avant même leur retrait de l’accord de Paris sur le climat et la volonté à peine dissimulée de profiter de la guerre en Ukraine pour nous vendre à nous, européens, leur nouveau gaz de schiste.
Par souci de mettre en perspective les propos de Bush avec les dernières avancées scientifiques, citons le dernier rapport du GIEC rendu public ce 28 février : « Les preuves scientifiques cumulées sont sans équivoque : le changement climatique est une menace pour le bien-être humain et la santé planétaire. »
L’étude est plutôt sérieuse : rédigée par 270 scientifiques de 67 pays et validée par les 195 pays membres du GIEC, soit peu ou prou tous les pays du monde. Il s’agit du deuxième volet de son sixième rapport d’évaluation et qui s’intéresse cette fois-ci aux effets, vulnérabilités et capacités d’adaptation face à la crise.
L’adaptation est le mot clé du rapport. Une terminologie darwinienne qui s’inscrit dans le processus d’évolution du vivant auquel les responsables américains, qu’ils en soient conscients ou non, n’échappent pas. Il faudra s’adapter au dérèglement climatique : l’anticiper, agir sur lui, remettre en question nos modes de consommation pour amoindrir au mieux ses effets.
Notre consommation étant elle-même au cœur de ce processus destructeur, il faudra nécessairement la remettre en question. Ce qui n’est pas négociable, dans le fond, c’est que la survie de nombre d’espèces dont la nôtre dépendra de cette capacité d’adaptation. Une réalité qui, les années passant, risque de ne pas embellir la mémoire du nom Bush.