Actions individuelles et initiatives collectives
En 2024, malgré les efforts des scientifiques, de l'Europe, et des initiatives locales, la tension entre les intérêts des grandes entreprises et l'intérêt collectif persiste. L’instabilité mondiale menace tous les projets. Pourtant, l'action collective, demeure vitale pour développer la résilience des communautés face à la crise climatique.
Au début des années 2000, British Petroleum (BP) lance une grande campagne de sensibilisation sur le thème de l’empreinte carbone. Elle vise les individus et les entreprises, mais s’attaque surtout aux gestes individuels : temps de douche, marche à pied et compensation carbone. Très tôt, des chercheurs critiquent cette campagne. Ils arguent qu’elle contribue à déplacer la responsabilité de la lutte contre le changement climatique. BP dédouane les producteurs de pétrole en oubliant la nécessité de changements systémiques et collectifs.
Aujourd’hui, le procédé marketing a prouvé son efficacité. Chacun peut calculer son empreinte carbone sur le site de l’ADEME mais peu de gens s’intéressent à l’empreinte carbone des grandes entreprises.
En 2024, cette opposition, entre les grandes firmes polluantes et l’intérêt collectif, demeure. L’exemple de la COP 28, qui a vu les pétroliers batailler pour « ralentir » la production d’énergies fossiles et éviter « une sortie complète », est frappant.
Pourtant, c'est bien le collectif qui depuis des décennies permet de ralentir les catastrophes. En premier lieu, on pense aux scientifiques du GIEC, qui donnent leurs recommandations aux gouvernements. À l’Europe qui préconise de réduire de 90 % nos émissions de CO2 d’ici à 2040. Aux nations, comme le Portugal, dont 61 % de l’électricité vient du renouvelable. On pense aussi aux collectivités locales, qui s’engagent avec les agriculteurs locaux via le plan EGALIM.
Cependant, l’action collective ne dépend pas que des institutions. M. Séguier et B. Dumas écrivent dans Construire des actions collectives : développer les solidarités (Ed. Chronique Sociale) la nécessité de « rendre acteurs et auteurs les populations [...] »
Dans les années 1990, tandis que les usines tombent en faillite, les travailleurs argentins reprennent la gestion de leurs entreprises. « Une singularité qui réside dans sa durabilité », selon le sociologue Sylvain Pablo Rotelli. Depuis cette période, on observe une augmentation plus lente, mais constante du nombre d’entreprises récupérées. En 2018, il y en avait plus de 360 à travers le pays.
Au Sahel, la grande muraille verte, bien que soutenue par des organismes internationaux, est portée par les populations locales. Chacune y apporte des spécificités locales. Ce projet agricole a pour vocation de stopper l’avancée du Sahara en créant une bande de végétation de 15 km en bordure sud du désert. Il s’adapte au besoin de chaque région, créant des emplois (350000 à ce jour) et des surfaces cultivables.
Mais que vont devenir ces résolutions et ces projets face aux crises politiques présentes et à venir ? En France, en réponse à la grogne des agriculteurs, le gouvernement veut recourir aux pesticides. Il revient en quelques jours sur des années de recherches et des milliards d’euros dépensés.
En Argentine, l’improbable président Javier Milei est prêt à forcer le passage de ses réformes ultralibérales. « Nous allons changer le pays pour de bon […], avec ou sans le soutien des dirigeants politiques, avec toutes les ressources légales de l’exécutif » a déclaré le président Argentin le 1ᵉʳ mars.
Plus la crise climatique avance, plus le besoin d’actions collectives progresse. Il ne s’agit pas seulement de planter des arbres ou d’installer des panneaux photovoltaïques. Il s’agit aussi de développer la résilience des communautés, la démocratie et les solidarités. De construire un capital social, « un liant nécessaire pour la capacité d'adaptation, particulièrement dans le traitement d'événements dangereux, imprévus et périodiques », écrit le sociologue W. N. Adger