JONATHAN ATTIAS - À LA TERRE CITOYENS

 

ⓒVirginie Quéant/Green4Two Média

À l’heure où le dernier rapport du GIEC réveille les anxiétés et les consciences, les forêts continuent d’être dévastées et les pesticides d’être déversés. Les petits gestes du quotidien ne suffisent plus et c’est à un changement radical que les experts appellent aujourd’hui. Dans ce contexte où la tâche paraît grande pour beaucoup, Jonathan Attias propose un nouveau rapport au monde à l’échelle de l’homme et donc… de la nature. 

Tu es passé de concepteur audiovisuel urbain à habitant de la Corrèze en quasi-autosuffisance. Pourquoi ce changement ?

J’ai pris conscience des effondrements en 2011. J’ai tenté beaucoup de choses pour réduire mon empreinte carbone et agir, puis j’ai compris que la réduire n’aidait pas la terre à se régénérer ! À l’inverse, je contribuais à sa pollution en restant à Paris. 

Sur ton site, tu proposes une carte de connexion des propriétaires terriens et des personnes souhaitant s’installer gratuitement pour régénérer les sols.

Oui. Avant de nous installer, on a voyagé pour trouver des terrains. J’ai rencontré beaucoup de propriétaires d’un certain âge, qui possédaient des terres inutilisées et qui avaient envie d’aider. Comme les collectifs ont des projets, mais pas d’argent, ça a donné naissance à Gardien des territoires. L’idée, c’est de faire marcher le bouche-à-oreille et occuper la Terre autrement. 

Tu mets Gaïa, une vision animée de la Terre, au centre de ta philosophie. Comment se réconcilier avec le sauvage dans une société de domestication de la nature ?

Il faut passer de l’anthropocentrisme au biocentrisme, et à la cohabitation naturelle du vivant. La nature est un allié ! En Argentine, des champs d’OGM ont été envahi naturellement par une plante comestible. Les agriculteurs ont pu s’en servir pour créer des bombes de graines et lutter, alors que les désherbants ne fonctionnaient plus ! Il faut collaborer pour préserver la Terre et cela passe aussi par un contact de proximité. Avoir conscience du problème, c’est une chose, mais quand on vit dans la nature et qu’on voit un arbre coupé, c’est différent. 

Dans ton livre, tu prônes une Déclaration Universelle des Droits de la Terre. Pourquoi ?

Avec Caroline (sa compagne, ndlr), nous pensons que la seule manière pour que la Terre soit respectée, c’est un texte constitutionnel. Il faut que le crime d’écocide soit reconnu. La société est habituée aux lois, c’est par là que le changement aura lieu. 

En opposition à la désobéissance civile, tu proposes une désobéissance fertile, qui cherche à créer une nouvelle société en considérant l’actuelle trop corrompue. 

On ne s’autorise plus à être créatif dans nos militantismes. On privilégie le mode d’action alors que c’est l’objectif à atteindre qui importe. Je ne renonce pas aux changements urbains, mais ces changements ne permettent pas à régénérer le vivant. La destruction des écosystèmes est faite dans la nature, il est logique d’être là où tout ce passe pour lutter. On décide ensemble, à l’image du municipalisme libertaire. Les habitants se réunissent et prennent une décision concrète pour leur territoire sans attendre la Préfecture. C’est facile. 

Beaucoup sont freinés par l’idée de perte du confort.  Face à ça, tu mets en scène ta vie familiale au cœur de la nature entourée de low tech.

La sobriété est l’ennemi du capitalisme, c’est normal. Les low-tech permettent d’utiliser des matériaux de seconde main en gardant du confort. Dans les années à venir, c’est ce que je cherche à prouver, que le modèle écologique n’est pas  incompatible avec la vie moderne. Au contraire.

La Désobéissance Fertile : pour une écologie défensive, Payot, 18 euros. 

Carla Bernini

ⓒVirginie Quéant/Green4Two Média

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