ÉLECTIONS PIÈGE À CONS ?
On connait la rengaine. Et une fois de plus, les élections présidentielles qui viennent d'avoir lieu la confirme. Un piège terrible qui rend les gens cons. Un piège qui divise, personnalise et exacerbe les haines, les tensions, les postures au lieu d'éclairer les débats, de poser les bases à des désaccords féconds, des controverses fertiles. Un piège qui rend con, met en avant la compétition plutôt que la coopération. Il est d'ailleurs intéressant de constater que parmi les abstentionnistes, beaucoup sont hautement politisés dans leurs quotidiens, mais refuse de se laisser piéger par ce piège.
Malheureusement, notre modèle démocratique en est réduit à cet outil. Et pourtant, la démocratie, telle que la décroissance la porte, au sens de l'autonomie telle que définit par Cornelius Castoriadis, va beaucoup plus loin. C'est une culture, une pratique de tous les jours. La démocratie consiste à pacifier les conflits, à travers l'éducation, le dialogue, l'émancipation, la réappropriation d'institutions et d'outils devenus hétéronomes. C'est aussi un art de vivre qui nous invite à ralentir pour mieux s'écouter, à faire soi-même pour mieux apprécier, à la sobriété pour mieux partager, à l'humilité pour mieux co-construire.
C'est ce que l'on met en avant dans Un Projet de Décroissance (Editions Utopia, 2013) et notre proposition centrale de Dotation Inconditionnelle d'Autonomie. Elle consiste à créer les bases de délibérations citoyennes sur ce que sont nos besoins fondamentaux, libérés du joug de la publicité et des médias dominants et comment on y répond, de manière juste et partagée, en questionnant le coût réel de nos consommations d'un point de vue impacts environnemental et humain.
Alors que le GIEC nous dit qu'il ne nous reste que trois ans pour éviter un désastre climatique, que la guerre est de retour sur le territoire européen, que les pénuries de matières premières et d'énergies sont de plus en plus prégnantes, quel spectacle pathétique que ces élections, cette petite course de chevaux... mais nous n'avons que ça, alors continuons le combat aux législatives, mais aussi et surtout tous les jours, dans nos quartiers, nos réseaux et nos médias.