Au cœur des Scop, la démocratie
Méconnues, les Scop sont une alternative prometteuse aux entreprises traditionnelles. Ces structures où les salariés sont acteurs et bénéficiaires des décisions, offrent des avantages : bien-être au travail, démocratie, efficacité économique.
L’entrepreneur n’est pas forcément égoïste. Les travaux du Belge O.Giacomin (2006) montrent que les primo-entrepreneurs sont très majoritairement guidés par le désir d’autonomie, de ne plus avoir de patron tout en augmentant leurs revenus. En Europe, un grand nombre se dit ouvert à la démocratie. Pourtant, une très grande part opte pour des formes juridiques qui encouragent le pouvoir solitaire, l’exploitation des collaborateurs et des bénéficiaires minoritaires. Sur près de 3,82 millions d’entreprises françaises en 2021, seulement 3800 étaient des Scop.
Les entrepreneurs sont-ils tous des capitalistes refoulés, insensibles aux questions écologiques et sociales ? En réalité, très peu d’entre eux connaissent les autres options. Guidés par des structures institutionnelles, les entrepreneurs sont incités à rentrer dans le moule libéral. Pour ceux qui refusent ce formatage, la Scop est une option.
Dans une Scop, on vote !
Les Sociétés coopératives de production (Scop) sont des entreprises, SARL ou SA, au mode de gouvernance participatif. Sans y être obligés, les salariés sont associés. Ils sont au cœur des décisions, dans une organisation qui vise à allier efficacité économique, bien-être au travail et démocratie.
Dans une Scop la majorité du capital est détenue par ses salariés. Le principe est "un salarié, une voix", quelle que soit la participation au capital. Les bénéfices sont partagés entre les réserves, l’intéressement aux bénéfices de tous les salariés, associés ou non, et, dans une moindre mesure, pour rémunérer le capital. C’est la grande différence avec l’entreprise classique, la rémunération des actionnaires n’est pas une fin en soi, c’est même accessoire.
Dans une Scop :
- On vote ! Les salariés participent aux décisions importantes et donnent leur avis sur l'avenir de l'entreprise.
- On se stimule ! Quand les salariés sont impliqués, ils sont motivés et engagés.
- On partage ! Les bénéfices ne vont pas uniquement dans la poche des patrons. Ils sont répartis entre les salariés et réinvestis dans l'entreprise.
- On résiste ! En période de crise, grâce à leur esprit d'équipe et leur engagement social, elles sont plus solides face aux difficultés.
Malgré leur rareté, les Scop présentent une grande diversité. De grandes entreprises françaises fonctionnent en Scop. Group-up, ex-chèque Déjeuner (fondé en 1964), Acom (1932), spécialisée dans le câblage haute technicité, ou encore Scopélec (1973), déploiement de réseaux de télécommunication, comptent chacune de 1000 à 2000 salariés.
Le solo coopératif
Cela fonctionne même quand on est seul. Il est possible de créer une Scop avec un seul associé-salarié. Dans ce cas, l'entreprise prend la forme d'une Scop unipersonnelle (SCOPU). Cette forme juridique permet à l'entrepreneur de conserver la maîtrise de son entreprise tout en bénéficiant des avantages du statut coopératif. Quand l'entreprise se développe et embauche des salariés, elle adapte sa structure pour respecter les principes de la Scop. Les nouveaux salariés deviennent des associés et le mode de gouvernance démocratique est lancé. Le solopératif assoit une volonté, vis-à-vis des partenaires, clients ou institutionnels. Il montre aux futurs employés qu’ils seront impliqués et écoutés. Il prémunit contre l’inertie administrative, s’il fallait changer de statut.
Les Scop sont particulièrement adaptées aux défis actuels de notre société, car elles répondent à un besoin croissant d'économie solidaire et de responsabilité environnementale. En favorisant la participation des salariés aux décisions, les Scop permettent une meilleure prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux dans la stratégie de l'entreprise. Les employés, qui se sentent davantage impliqués et valorisés, cultivent une relation aux autres plus bienveillante.
Les Scop peuvent être comme toute entreprise sujette à déviance, c’est rare. Structurellement, dans un monde incendié par le capitalisme, elles sont plus qu’une alternative. Elles plaident en faveur du collectif, de la prudence, d’une culture du partage et de la démocratie.