Un modèle social gangréné par le mensonge
Revenons sur l’importance cruciale d’une information de qualité, libre et non faussée par les tenants du pouvoir et/ou du modèle économique ou des dictateurs. Elle est hélas trop rare, du moins pour une majorité des populations moins sensibilisées à ses droits en la matière.
La mainmise exercée sur les grands médias avec des moyens financiers énormes marginalise les éditeurs indépendants et octroie une telle suprématie qu’elle permet de dévoyer les choix des populations en termes de modèle de société. Réalité hélas pas assez ressentie de par la force de l’habitude mais surtout parce que ce venin nourrit un type d’opinion fataliste auquel les gens s’attachent. C’est très bien fait.
Bien sûr, une des conséquences est la situation écologique et humanitaire que nous connaissons. Elle est bien connue, dès 1972. Le rapport Brudland1, diffusé mondialement aux gens de pouvoir et intitulé « Notre avenir à tous », annonçait ce qui nous arrive en tant que risques potentiels si l’on continuait à vouloir toujours plus de croissance matérielle. Tout était dit mais tout a été globalement ignoré. Le plus ahurissant, c’est que les effets désastreux soient maintenant réalités, et que l’on continue de rechercher de la croissance à tout prix, en augmentant la production de CO2. Un cas d’école psy !
Aux conséquences écologiques de la croissance s’ajoutent une série de mensonges récurrents entretenus pour légitimer le système. Il en est un sur lequel il faut revenir tant il est énorme en termes de conséquence : la place du travail dans nos vies. Nous l’avons déjà dit et nous y reviendrons, tant il est difficile de s’expliquer comment cela a pu exister démocratiquement. Les gains de productivité sans précédents occasionnés par l’automatisation tout en supprimant des centaines de milliers d'emplois sont allés grossir le capital, les grandes fortunes et les comptes offshores au lieu d’être partagés en permettant une réduction importante du temps d’un travail devenu inutile. Telle que d’aucuns envisageaient une nouvelle civilisation du temps libéré pour la fin du siècle dernier.
Les raisons de cette obstination forcenée à maintenir les gens au labeur, alors qu’il y en a de moins en moins qui soient utiles aux vrais besoins, méritent que l’on s’y attarde. Pousser à la surconsommation en fait partie et l’on peut conclure qu’avec le travail idolâtré et la désinformation, ils forment un triptyque complémentaire qui doit être bien compris pour stimuler l’envie de sortir de cette société de consommation mortifère et fondée sur la tromperie. Nous y reviendrons.
Clin d’œil qui n’a rien à voir, ou presque. Dans les matins de France culture de ce jour, rappel du cinquantième et triste anniversaire de la dictature Pinochet au Chili. Rappel aussi de la difficulté des parents des nombreuses victimes des atrocités du dictateur de faire leur deuil sans savoir… Mais pas de rappel que cela a eu lieu avec la complicité de la CIA au nom d’une affabulation anti- communiste. Pas important ? Le président Allende démocratiquement élu 3 ans plus tôt n’avait que commencé à mettre en place des mesures sociales pour une société solidaire. C’était trop pour la bourgeoisie chilienne et le pouvoir américain.
1) https://fr.wikisource.org/wiki/Notre_avenir_%C3%A0_tous_-_Rapport_Brundtland/Chapitre_1