UN JEUNE YVELINOIS MARCHE À LA CONQUÊTE DU MONDE
Enfant, il a habité plusieurs années à Senlisse, Cernay puis Versailles. En famille, il a beaucoup randonné, sur le chemin de Stevenson avec des ânes ou sur le chemin de Compostelle. Étudiant en école de commerce, il poursuit ses randonnées en Turquie lors de son séjour Erasmus. En 2017, il est diagnostiqué bipolaire, pathologie qui l’amène à multiplier les prises de risques (escalades périlleuses, excès d’alcool), il chute d’un balcon, s’ensuivent 3 mois d’hospitalisation puis de rééducation. Après différentes expériences professionnelles décevantes, il prend alors une décision irrévocable : « je dois partir ».
En 48 heures, le projet est bouclé « dans une excitation joyeuse ». Il étudie le périple de voyageurs, comme Caroline Moireaux, qui a fait le tour du monde en 8 ans avec son projet Pieds Libres. Il réunit l’argent nécessaire grâce à un apport personnel mais aussi grâce à une récolte de fonds sur la plateforme Tipee. En échange de leur contribution financière, il enverra régulièrement aux « tipeurs » des photos et vidéos de son périple.
C’est en forêt de Rambouillet qu’il teste son matériel avant son départ : une tente, un réchaud à bois, un sac de couchage, un tapis de sol, et quelques vêtements et surtout un GPS qui permet à sa famille de connaître sa position à l’instant T. Utilisant des applis dédiées aux voyages, il suit les traces de grands randonneurs, sur les chemins et sentiers principalement, et construit un itinéraire de la France à l’Inde dans un premier temps, via l’Italie, la Bulgarie, la Turquie, le Kurdistan irakien, le Pakistan. Ensuite, il se lancera à la découverte du reste de l’Asie. Il a dû modifier son itinéraire en raison de la neige en Bosnie.
La perte de son passeport l’amène actuellement à effectuer une pause imprévue à Sofia, en Bulgarie, mais cet « aléa » lui offre l’occasion d’une expérience nouvelle, un volontariat dans une école alternative, nourri et logé « Je ne cherche pas de rémunération ». S’interdisant l’usage de l’avion, il pense utiliser ensuite le bateau stop pour relier différents pays sur des voiliers. S’il ne connaît pas les idiomes des différents pays traversés, l’usage de l’anglais « assez partagé » lui permet d’échanger avec les populations locales, le langage corporel et google translate font le reste. Il s’accorde un budget mensuel de 150 € maximum pour subvenir à ses besoins.
« En 7 mois, je n’ai payé que 12 nuits d’hôtel ». Il dort sous la tente, dans des étables, sur un trottoir ou chez l’habitant avec une appli de couchsurfing. Il lui arrive de rester 10 jours sans pouvoir se doucher. « J’en profite quand je trouve un point d’eau. »
Parfois, d’autres marcheurs le rejoignent « Sur la route, je rencontre des gens gentils, contents de m’aider. Le monde est plus jouasse quand on débranche le téléphone et l’ordinateur. » Le soutien de sa famille qui vient régulièrement le rejoindre pour randonner avec lui durant quelques semaines lui est une aide précieuse.
Note de l'auteur
J’ai connu Solal il y a une vingtaine d’années lorsqu’il habitait Cernay avec son frère, sa sœur et leurs parents. A l’époque, j’étais institutrice à l’école du village, métier que j’ai exercé une petite dizaine d’années. Il a donc été mon élève en CP/CE1. Nous avions sympathisé avec la famille et organisions assez souvent des virées au théâtre, en forêt, nos enfants avaient le même âge. Solal était un élève brillant d’un naturel fougueux. A Nantes, avec son frère, juchés sur des sortes de rollers, ils traversaient à toute vitesse le château des ducs de Bretagne, j’entends encore les gardiens affolés se prévenant par talkies-walkies de l’arrivée imminente de cet escadron redoutable.
Il y a quelques semaines, mon fils aîné qui avait été jadis le baby-sitter de Solal nous raconte qu’il a vu sur TMC un reportage sur ce tour de monde pédestre.Très étonnée, j’ai renoué avec sa mère dont j’avais les coordonnées puis avec lui. Il a visiblement conservé son insatiable curiosité et sa détermination.