“De mémoire de montagne, on n’avait jamais vu une espèce remuer ainsi ciel et terre et s’approprier une si gigantesque part des fruits de la Terre sans en assurer les conditions de renouvellement …”
Une troisième révolution sera-t-elle la bonne ? auteur : David MAITRE ©Pixabay
Citation de Christophe Bonneuil, historien des sciences et directeur de recherche au CNRS, extraite de Comment vivre l’Anthropocène ? dans la revue EcoRev' (n°52, 01/2022). Il y propose un essai sur l'anthropocène. Qui connait ce terme? Il poursuit : « force géologique, les activités humaines charrient aujourd’hui plus de terre, de roche et de sédiments que les eaux et les vents réunis, et 90 % de la photosynthèse continentale se fait dans des espaces gérés par les humains. »
L’anthropocène désigne notre ère géologique, où l’être humain est le principal acteur de la pollution qui enclenche les bouleversements climatiques. Mais les grands groupes industriels et les États, depuis le rapport Meadows de 1972 avaient conscience des conséquences. Avec ce concept, ils sont déculpabilisés. Ainsi, Christophe Bonneuil et Jean-Baptiste Fressoz dans leur essai intitulé L’événement Anthropocène (éd. Seuil, 320p) déconstruisent le concept et mettent en avant d’autres lectures des évènements qui viennent contextualiser la vision naturaliste de ce terme. « L’histoire de l’énergie est aussi et surtout celle de choix politiques, militaires et idéologiques qu’il faut analyser en historien, c’est-à-dire en les rapportant aux intérêts et aux objectifs stratégiques de certains groupes sociaux.»
Dans le Capitalocène, c’est le système politique et économique qui repose sur la propriété privée des moyens de production qui est posé en tant que responsable. Les êtres humains n’étant pas égaux en production de ressources ou de marchandises, ne sont pas non plus égaux en responsabilité. Il semble en effet plus juste d’identifier les coupables avec précision. Ici les hommes qui ont imposé le capitalisme et qui s’en goinfrent à outrance. Forbes les classe chaque année. Les Français.es sont Bernard Arnault et sa famille (LVMH) avec 211 milliards de dollars en tête du classement mondial avec Françoise Bettencourt Meyers (L’Oréal) dont la fortune s’élève à 80,5 milliards de dollars.
Dans son rapport « Combattre les inégalités des émissions de Co2», Oxfam alerte : Les 10% les plus riches de la population mondiale (environ 630 millions de personnes) sont responsables de 52% des émissions de CO2 cumulées. Les 1% les plus riches de la population sont responsables à eux seuls de 15% des émissions cumulées. Les 50% les plus pauvres sont responsables de seulement 7% des émissions de CO2 cumulées.
Le Thermocène, l’ère où les industries, soutenues par les politiques, imposent les énergies fossiles comme norme. Le Thanatocène, l’ère où les choix politiques de guerre et d’armement militaires ont détruit à grandes échelles l’environnement. Cette ère est à mettre en corrélation avec la marche consciente aux États-Unis des décideurs politiques et industriels, qui, au sortir de la 2de guerre mondiale, ont multiplié par 3 leur capacité de production, mettant en place la 1ʳᵉ société de consommation. Le Phagocène, analyse ce besoin humain considéré comme naturel de vouloir toujours plus de biens, jusqu’à aller à la destruction de notre système Terre. Les cellules phagocytaires sont présentes dans les organismes et sont capables d’ingérer et détruire des particules de tailles variables. Loin d’être des besoins naturels, les publicitaires influencent et créent des désirs à assouvir.
La crise sociale et écologique ne peut se lire sous le seul prisme du déterminisme de la nature humaine que propose l’anthropocène. Les dispositifs techniques et institutionnels, la lutte des classes, ainsi que les choix politiques et industriels tissent et déterminent l’histoire de nos sociétés.
Sources:
https://www.forbes.fr/classements/fortunes/exclusif-le-classement-forbes-des-milliardaires-2023-france/ https://www.oxfamfrance.org/climat-et-energie/combattre-les-inegalites-des-emissions-de-co2/
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