Va-t-on, telle la grenouille dans la marmite, attendre d’être cuits en s’épuisant chacun sur sa solution au mieux partielle ? N’y aurait-il pas quelques points de convergence qui feraient l’unanimité et permettraient de faire corps ?
Nous sommes nombreux dans la société civile à avoir une conscience forte des gravissimes dangers qui menacent le monde vivant. Beaucoup agissent mais chacun peut constater que rien ne se passe qui laisserait espérer une inflexion significative. L’ampleur transformatrice indispensable n’est nulle part au rendez-vous à une échelle à hauteur des enjeux.
Va-t-on, telle la grenouille dans la marmite, attendre d’être cuits en s’épuisant chacun sur sa solution au mieux partielle ? N’y aurait-il pas quelques points de convergence qui feraient l’unanimité et permettraient de faire corps ?
Je ne crois pas que ce soit une fatalité et qu’il faille baisser les bras, ce serait trop grave. Nous prenons l’initiative que nous souhaitons partagée, d’un temps de réflexion et de remise en question de nos certitudes. Serge Latouche était décourageant quand il prévoyait, il y a 10 ans, que les gens ne changeraient qu’à l’arrivée des catastrophes : il avait raison et nous y sommes. Des sondages indiquent même que le grand public est plus mûr pour le changement qu’on ne le pensait, il attend des propositions et c’est déjà beaucoup. Aurions-nous un temps de retard dans le rôle que nous nos assignons d’ouvrir des perspectives susceptibles de changer vraiment le système, c’est-à-dire d’initier des actions ambitieuses, de très grande envergure ?
Car nous sommes bien d’accord que même porté par des gens motivés et entreprenants, « L’ESS consiste en un certain nombre d’initiatives dispersées que l’opinion regarde avec sympathie mais considère comme des actions ponctuelles, fragmentées et essentiellement réparatrices d’ordre microéconomique et donc marginales ; elle en méconnaît leur force de transformation », insistait Claude Alphandéry lors de la séance inaugurale des Etats généraux de l’ESS (économie sociale et solidaire) en 2011, organisés symboliquement au Palais Brongniart, ancien Palais de la Bourse. Le changement d’échelle était de tous les discours et 12 ans plus tard, le bilan n’est pas à la hauteur.
Il y a urgence d’un sursaut face à la puissance des lobbies et la duplicité des gouvernements qui mènent aveuglément et sans vergogne à la fin du vivant juste parce qu’ils sont incapables de remettre en question une croissance économique qui n’enrichit plus que leurs cercles.
Il fallait conclure sur une proposition, nous mettrions en avant ce qui pour nous ressemble à un angle mort : désinformation des masses et surconsommation sont deux réalités qui se nourrissent mutuellement en même temps que le système qui en vit. Nous l’avons tous à l’esprit mais le prend-on vraiment en considération ?
https://www.lelabo-ess.org/etats-generaux-de-l-ess-processus-de-mise-en-mouvement-et-d-affirmation-de-l-ess