Mehdi est cofondateur de Sicklo, une coopérative de riders. Une aventure sur laquelle il se risque à trouver une alternative à l'uberisation. Il a transformé sa passion pour le vélo et la nécessité de travailler en une entreprise qui défie les géants de la livraison.
Esprit aventurier, passionné de vélo, Mehdi Ait Belkacem est un "rider", un coursier à vélo, qui fait son roadmovie dans les rues de Grenoble. « J'adore faire du vélo. J'aime beaucoup l'adrénaline. Je sais, ça peut paraître bizarre, mais j'aime beaucoup être dans la ville, être au milieu des voitures et faire mon boulot. Je m'ennuie quand il n'y a pas de monde. Pendant la covid, les rues étaient désertes, je m'ennuyais, c'était anxiogène. »
Mehdi Ait Belkacem © Sicklo
Taille moyenne, cheveux noirs, portant des lunettes arrondies, Mehdi, est facilement reconnaissable sur son petit vélo de course à pignon fixe, sans frein, ni vitesse. Une fine moustache orne son visage, et bien sûr, il est toujours casqué.
Mehdi a commencé, comme beaucoup d'autres, en travaillant pour les grandes plateformes de livraison en tant qu'auto-entrepreneur. Face à une rapide dégradation des conditions de travail, lui et six collègues ont décidé de s’unir. En 2019, ils ont créé Sicklo, une entreprise qui combine leur amour pour le métier avec un désir de meilleures conditions de travail.
La coopérative est née grâce à l'appui de Coop Cycle, une structure fédératrice de multiples coopératives de coursiers à travers le monde. L'idée que chacun devrait avoir son mot à dire dans l'entreprise leur semble naturelle. Chez Sicklo, il n'y a pas de hiérarchie stricte. Les tâches sont réparties entre tous de manière égalitaire. Mehdi lui-même porte plusieurs casquettes : il est à la fois coursier, dispatcher et responsable de production.
Mais ce qui distingue vraiment Sicklo, c'est son engagement : écologique parfois, envers la communauté surtout. L'entreprise travaille exclusivement avec des vélos sans assistance électrique, pour minimiser l’empreinte et faciliter les réparations. Elle collabore avec des producteurs locaux, contribuant à l'économie du territoire.
Mehdi est conscient que le modèle de Sicklo peut paraître un peu “fou”. Pour lui, c'est une manière de reprendre le contrôle et de faire un travail qu'il aime, dans des conditions qu'il estime justes. Il est fier de ce qu'ils ont accompli et espère que d'autres suivront leur exemple.
Il a un message pour les coursiers qui travaillent encore pour les grandes plateformes : « Réveillez-vous, vous n'êtes pas obligés d'être dans ce système. Il y a d'autres solutions qui existent. Vous pouvez vous monter en coopérative et vous réapproprier votre travail. »
Comme Wyatt et Billy, Mehdi a choisi la route la moins fréquentée, celle de l'indépendance et de la liberté. Contrairement à ces personnages emblématiques du cinéma américain, il ne cherche pas à échapper à la société, mais à la transformer de l'intérieur.
En moyenne, un livreur à vélo sur une grande plate-forme peut espérer gagner 1500€. Il devra payer assurance, congés payés et maladie, il n'aura pas droit au chômage, pas d'indemnité de précarité, etc. Au final, en auto-entrepreneur, gagner un Smic est bien plus difficile qu'il y paraît.
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