Les chroniques danoises de Victoria. Épisode 4. Ma belle poubelle, s'occuper d'elle.
Il y a quelque temps, quand je suis arrivée à Avnø, j'ai commencé à me poser des questions quant à ma poubelle de chambre. Était-elle vraiment belle, finalement ? Il faut dire que je dois tout trier, à chaque fois que je vais en bas dans le local poubelle de l'écovillage. Des plastiques souples aux métaux durs, jusqu'à la plus petite parcelle d'emballage de cookies bio sans sucre que j'achète au shop de l'écolieu. Tout est à trier, bien plus précisément qu'en France. Le papier, les plastiques durs/souples, colorés et non colorés, les cartons, le verre, les couvercles et les bouchons…. tout est à mettre dans des bacs différents pour être emmené à la station de recyclage.
Mais le plus dur, c'est la fin de la poubelle. Il y a toutes ces petites choses dont on ne sait pas vraiment quoi faire. Si cela appartient à tel ou tel compartiment... C'est très laborieux. Alors je commence à passer un temps fou dans cette minuscule pièce sans fenêtre. Un temps que je n'avais jamais eu à prendre auparavant pour vider ma poubelle. En plus il y a juste au-dessus de moi une petite loupiote qui ressemble vraiment à une caméra de surveillance. Elle me fait suer de l'intérieur : "et s'ils/elles me voyaient jeter le mauvais bout dans le mauvais bac?" Argh… Mon ego écologique, l'égologique en prendrait un sacré coup. Parmi toutes ces matières de toutes les couleurs et formes abandonnées, je me dis que c'est vraiment plus métaphysique que ça en a l'air de trier sa poubelle. Assumer le préservatif usagé dans le spot de recyclage commun. Oser toucher le trognon de pomme en décomposition lente depuis 3 semaines -que j'avais pourtant délicieusement dégustée au goûter- c'est un peu faire un travail psychothérapeutique interne. Regarder en face mes déchets, ma trace laissée dans le monde. Méditer en triant ce que j'ai consommé.
Je repars donc dans ma chambre la poubelle vide, fière de ce que j'ai trié, transformée par l'expérience spirituelle intense que je viens de vivre : j'ai un nouveau rêve, ma poubelle va devenir belle.
vi ses snart til nye eventyr! A bientôt pour de nouvelles aventures !
Victoria