L'éco-lieu des Coustètes, leur projet, leur gouvernance.
Le projet
La raison d’être de l’Archipel est de prendre soin du vivant, sous toutes ses formes. Que ce soient des relations humaines, de l’environnement naturel, du bâti et du projet en lui-même, chacun est dans une démarche active de collaboration et d’expérimentation pour une qualité de vie exigeante qui leur demande de consommer différemment, d’augmenter l’autonomie énergétique et l’autofinancement.
L’intelligence collective et ses différents outils sont au cœur du quotidien. Leur gouvernance se caractérise ainsi :
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8 personnes Veilleuses et Veilleurs comme iels se nomment, ont été choisi.es par une élection sans candidat. Iels sont les gardien.es des axes de vie de leur vision du vivre ensemble.
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4 domaines de soins structurent leur fonctionnement : l’accueil, le lieu, les relations, le cadre (partie administrative)
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2 veilleur.euses dans chaque domaine pour énergiser le groupe.
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15 personnes (dont les veilleuses) font partie du noyau dur et énergisent des projets, des dynamiques, des groupes de travail, des temps collectifs.
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Enfin des sympathisants qui participent lors de chantier « soin du lieu », d’accueil de stage…
Reno Dhont nous a accueilli et a répondu à nos questions : Quelle est la fréquence de vos rassemblements ? Toutes les semaines, des temps sont dédiés à différentes fins.
Dimanche : un temps pour échanger sur LES DÉSIRS DE LA SEMAINE QUI VA ARRIVER, s’interroger sur ce que nous avons envie de vivre. (planifier des temps de jeux, de massage, de soin…) C’est également un temps où nous pouvons célébrer les joies de la semaine et de parler de ce qu’il y a à faire en terme logistique pour le lieu.
Le mercredi : LA PAUSE ARCHIPELLIQUE. On va prendre du temps pour se rencontrer et faire du lien. Discuter de ce qu’on ressent, on est ensemble et on rêve. Pas de prise décision à ce moment là.
Le mardi : La PAUSE DES ENFANTS. Les parents et les non parents peuvent annoncer des activités, des animations, pour relier les gens entre-eux.
LA MOISSON : temps court où on moissonne nos joies et nos frustrations. On exprime le vécu en rapport avec le collectif. C’est un rituel quotidien.
LES RÊVES ÉVEILLÉS : rencontre trimestrielle sur plusieurs jours. Il s’agit d’un espace pour inviter les copains, copines, curieux.ses. Les archipellien.nes sont là et co-créent la semaine avec les gens qui sont présents. On pose nos envies et désirs, nos ressources ( qu’est-ce qu’on a envie de mutualiser) et on cale des aventures collectives avec tout cela.
Comment prenez-vous vos décisions ? 90% en informel surtout au sujet de la vie quotidienne. Le reste, on essaie de communiquer assez officiellement avec pas mal de sollicitation d’avis.
Et quand il y a des conflits ? Les veilleur.euses du soin à la relation sont formé.es à la médiation et à la facilitation. C’est sur des temps longs que les tensions et blocages peuvent se défaire pour de la résilience et de la communication de nouveau rétablies.
« On aime bien globalement se questionner sur nos relations, nos émotions et apprendre un peu de tout cela. C’est dans le champ de notre projet de prendre soins de nos galères, de les assumer et d’en parler. Maintenant, entre la théorie, qui vend du rêve et la réalité, où on se sent seul, dans son coin et on galère et bien on chemine !» nous dit Reno
Sortir d’un temps en leur compagnie redonne du souffle à ce Putain De Facteur Humain qu’ici iels transmuttent en Pure, Précieux, Particuliers. Et il est clair que ce chemin exigeant, demande conviction, confiance et recul sur soi et les autres. Ne sont attirés par ce genre de cadre expérimental que des chercheurs en relations globales, des aventurier.ères du vivant, au goût du risque développé. Car oui, iels se mettent à nue. Jour après jour, tombent les masques et en co-créer d’autres. Détricotent les acquis, déconstruisent les fondamentaux et en rebâtissent d’autres, ensemble, avec joie, déconvenue, patience et respect. Ces personnes curieuses et inventives pourraient être les architectes du futur à reconstruire. Celles et ceux qui refondent les « normes » du soin à sa personne, aux autres, à la terre, au tout interconnecté.
L’énergie que porte ce collectif est perceptible en se baladant sur le lieu. Cette bande de motivés continuent de se questionner, d’accueillir personnes et idées, pour faire leur et même nôtre ce monde.