Nous savons que nous sommes collectivement exposés à des risques climatiques et écosystémiques d’autant plus inquiétants qu’ils n’ont, de mémoire humaine, jamais existé. Ils sont très divers et s’accumulent comme s’ils s’étaient donné le mot.
On le redit, la cause de tout est dans les modes de vie qui ont permis au capitalisme de prospérer depuis 2 siècles, modes de vie qu’il nous a lui-même instillés au gré de ses besoins. Dans Révolutionner la gauche, Hervé Roussel écrit : « l’être humain que nous sommes […] est conditionné, déterminé, construit par l’hégémonie libérale qu’il subit et qu’il a pourtant établie en tant qu’acteur de sa vie et de son histoire ». Et oui, nous croyons avoir choisi alors que nous n’avons que subi « l’ascendant du groupe d’intérêt détenant le pouvoir, propageant à l’ensemble de la société ses croyances, idéaux, valeurs, pratiques, certitudes, vérités…, notamment au moyen des institutions étatiques, politiques, éducatives, culturelles, religieuses, scientifiques…et permettant le consensus actif des gouvernés. » La mainmise des milliardaires sur les grandes chaînes d’information populaires ne serait-elle pas un aboutissement de cet ascendant ?
Le capitalisme serait au bout du rouleau, certains optimistes le pensent. N’en serait-il pas plus dangereux ? Face aux résistances des lobbies industriels et financiers, une institution étatique, notre Ministère de la transition, en la personne de Christophe Béchu, est en train de propager à l’ensemble de la société une nouvelle vérité. La France ne croit plus possible de limiter la hausse de la température terrestre à 2 ° en 2050. Soyons réalistes et travaillons à notre adaptation et celle de nos structures à une hausse de 4 °en 2100. On parle en coulisse de + 6° voire +7°. Ce sera la prochaine étape si l’inaction dure et l’aggravation continue de s’accélérer. Qui a décidé que nous préférions l’aggravation des catastrophes à la remise en question du consumérisme, bras armé du capital ?
Dans cette courte vidéo où un jeune Breton courageux interpelle le président Macron, tout est résumé de ce que pointe Hervé Roussel, avec en fer de lance la sainte croissance, vitale au Capital. Alors qu’elle est la cause des maux et non la solution, ces énarques sont incapables d’imaginer autre chose, enfermés dans leur bocal idéologique, aujourd’hui mortifère.
Chacun peut voir comment la misère progresse de par le monde, aggravée sous l’effet du changement climatique. Même dans le pays le plus riche du monde qui se targue d’une croissance qui atteindrait 5 % en 2023, Arte Reportage (vidéo 26 ème mn) nous a montré la déchéance dans la ville de Phoenix (Arizona), réputée riche. Des séniors dont le parcours professionnel a été des plus normaux, ils sont 1500 à se retrouver SDF parce que leur retraite ne paye plus leur loyer. Saisissant de fatalisme !
L’injustice, la prédation des richesses par une minorité qui, n’en ayant jamais assez, exige encore et encore de la croissance, sont à la racine de tous nos maux y compris les guerres. Sommes-nous impuissants ? Faut-il désespérer ? La porte de sortie est étroite mais elle existe. Nous sommes nombreux et moteurs de ce système. Nous pouvons le mettre en panne et le remplacer. Les idées butent sur notre incapacité à jouer collectif. Trop dispersés sans médias de masse. C’est peut-être là-dessus qu’il faudrait réfléchir en premier.
https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/en-bretagne-apres-la-tempete-ciaran-emmanuel-macron-interpelle-sur-son-inaction-climatique_225282.html
Le samedi à 18 h 30 https://www.arte.tv/fr/videos/030273-933-A/arte-reportage/ (tranche 27 / 52 mn).
Révolutionner la gauche, Hervé Roussel-Dessartre (L'Harmattan)