La folie de l'eau sous plastique
L’eau que nous buvons est un cas d’école à plusieurs titres. Comme l’air et le soleil, elle est indispensable à la vie, c’est un bien commun qui ne devrait pas être l’objet de spéculations ni de tricheries. Ni, surtout, être vecteur et source de pollutions graves.
L’eau nécessaire à la vie a longtemps été gratuite et à la disposition de chacun, plus ou moins facilement selon les endroits, son accès et son abondance. Certes, avec la modernité, progressivement, son acheminement au plus près des points de consommation a engendré des coûts justifiés qu’une gestion publique en bon père de famille a longtemps su modérer. Elle est devenue « l’eau du robinet pour tous ».
La même modernité la croyant illimitée a longtemps ignoré qu’elle était fragile. Sont venues les pollutions industrielles, principalement agricoles qui ont gravement contaminé rivières et nappes phréatiques mettant en danger la santé publique et la vie aquatique.
Le problème a été pris au sérieux et l’association Que choisir, longtemps à la pointe du combat pour la défense des « buveurs d’eau » rassure : « Cinquante-quatre paramètres différents font l'objet d'une surveillance et sont régulièrement contrôlés. Ce sont les pôles Santé et Environnement des Ars, les Agences régionales de santé, qui en sont chargés ». Tout serait rentré dans l’ordre à force de haute technicité dépolluante qui a majoré raisonnablement son prix.
Peut-on dire que le mal était fait, et que quelques multinationales se sont engouffrées dans la brèche ? Elles se sont emparées de la meilleure part du bien commun, des nappes souterraines encore pures, pour en faire un marché très lucratif : l’eau en bouteille plastique. Tablant sur le fait que l’eau potable du réseau public, aujourd’hui la plus contrôlée du marché, suscite paradoxalement encore beaucoup de méfiance. Et, à force de marketing souvent mensonger, ces entreprises puissantes -elles sont 4, PepsiCo, Coca-Cola, Nestlé et Danone - règnent sur un marché en augmentation de 73 % ces dix dernières années. Les Français sont en bonne place, la moitié la consomme régulièrement.
Sauf que de récentes études viennent ternir le tableau. Concernant la qualité de l'eau, le plastique utilisé se dégrade au point qu’un consommateur régulier pourrait ingérer jusqu’à 5 grammes de plastique par semaine. Les composés chimiques libérés peuvent nuire à la fertilité, au développement du fœtus, générer des cancers et/ou perturber le système endocrinien. De plus, les eaux pompées dans le sous-sol étant maintenant toutes polluées, les industriels trichent en utilisant des méthodes de filtration comparables aux eaux de robinet alors que leur engagement et leur image de marque est fondée sur la pureté naturelle. Si l’on ajoute les transports par camions générateur de CO2, « les 100 ml de pétrole, 80 gr de charbon, 42 litres de gaz et 2 litres d'eau nécessaire à la fabrication d’une bouteille, les 22000 tonnes de déchets qui finissent chaque jour dans l’océan, les 90 % d’animaux marins ayant déjà ingéré du plastique » on peut conclure avec Save4 Planet qu’il s’agit bien d’une calamité environnementale.
Que fait l’Etat ? Macron a autorisé les plastiques à usage unique jusqu’à 2040 : c’est une folie. Les Français qui payent leur eau de boisson en moyenne 70 cts le litre alors que leur robinet leur en offre une plus sûre, environ 150 à 1000 fois moins chère vont-ils prendre -eux-mêmes la dimension du problème ? Nous ne pouvons que l’espérer.
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