Démocratie malmenée

« Dans quelle mesure le système d’équilibre des pouvoirs autrefois considéré comme le fondement de la société libérale est-il réellement important pour les électeurs ? »

Le New-York Times s’interroge, suite à la multiplication des régimes autoritaires facilement réélus. Référence au président particulièrement brutal du Salvador, qui a mis 2 % de sa population en prison sans mandat judiciaire. Mais pas seulement, il y a aussi ceux de la Turquie, de la Hongrie, de l’Inde, de la Russie… voire des USA avec Trump dont on craint le pire.

Ce doute émis par le grand quotidien américain sur une possible remise en question du régime démocratique, sans examiner d’où peuvent provenir les dysfonctionnements qui aideraient à comprendre, mérite que l’on s’y arrête.

 « Dans quelle mesure le système d’équilibre des pouvoirs autrefois considéré comme le fondement de la société libérale est-il réellement important pour les électeurs ? »

La démocratie constitutionnelle repose sur 3 pouvoirs, l’exécutif, le législatif et le judiciaire, tous trois en principe indépendants. Avec ou non au-dessus, un Conseil ou une Cour de sages attestant que la dite constitution est respectée.

Passons sur l’usage abusif du 49.3 et du choix des procureurs de la république laissé au ministre de la justice. La séparation des pouvoirs n’étant pas respectée, notre démocratie perd en crédibilité. Mais, il y a plus grave.

Nous assistons à la banalisation de la corruption, des conflits d’intérêts, du pantouflage (passage d’élus ou de hauts fonctionnaires du public au privé et vice versa) ; de procédures judiciaires pour corruption de personnages très haut placés, voire de chefs d’Etat, qui n’en finissent pas. De détournement de fonds publics, d’usages de paradis fiscaux… d’enrichissements énormes injustifiés. Ils sont le quotidien des trop rares journalistes d’investigation.

Et c’est ici que le New-York Times devrait piocher avant d'émettre des doutes. La vigueur d’une démocratie, pouvoir du peuple, dépend de la qualité de son opinion, c’est-à-dire de l’honnêteté, la sincérité et l’indépendance des médias qui la nourrisse.

Et c’est bien là où le bât blesse, ces médias indépendants qui seuls devraient constituer ce que l’on désigne comme le quatrième pouvoir sont trop rares. Les manipulations vont bon train, des plus grossières comme en Russie au moins criantes comme dans nos modèles de « démocraties occidentales néolibérales ». Mais elles n’en sont pas moins efficaces pour amener l’opinion à penser ce que veulent les puissants : bien que profondément injuste et destructeur, le système économique en cours est incontournable. La formation de l’opinion est partout gravement remise en question de par la mainmise du monde économique et du pouvoir politique sur les grands médias populaires.

En témoigne la récente explosion de colère légitime des quelque 40 % d’agriculteurs malmenés par les grands bénéficiaires du système agro-industriel. Sans être entendus sur leurs propres revendications, des justes prix, ils ont vite été noyautés par les leaders du syndicat majoritaire, la FNSEA qui compte dans ses rangs ceux qui se partagent la plus grosse part des subventions européennes. Le tout restitué à grand renfort de table ronde par les grands médias à la botte des milliardaires pour conclure que le problème, c’est les écologistes.

Vite, des médias indépendants aptes à toucher le plus grand nombre ! L’incontournable déconsommation heureuse ne passera jamais dans les JT des médias marchands.

Que pensez-vous de notre nouveau site ?

Que pensez-vous de notre nouveau site ?

Choix