Coopérer pour entreprendre
Il y a urgence face à l’immobilisme. Au seul plan climatique, selon le Bureau de recensement américain, « En 2022, des millions d’habitants ont été contraints de fuir pour assurer leur sécurité à la suite d’un ouragan, d’un incendie ou encore d’une inondation. » Soit 1 Américain sur 100 selon l’ADEME.
Le travail est questionné. Sortir du système suppose d’abord des choix dans la manière de satisfaire les vrais besoins avec le souci d’en ramener la production ou la gestion au plus près des consommateurs. Alimentation d’abord, énergie renouvelable, habitat, mutualisation des solutions à la mobilité, des besoins de biens d’équipement partageables, de coopératives d’achats, de services à la personne, d’entraide…
Nous avons vu que les Scop étaient l’outil idéal pour entreprendre à plusieurs, solution à la fois démocratique, sécurisante, conviviale et responsabilisante. Les Coopératives d’activité et d’emploi (CAE) peuvent aussi apporter leur pierre à l’édifice. Ce sont des Scop particulières qui hybrident le statut de salarié et celui d’entrepreneur individuel. Un outil idéal pour qui déciderait de changer d’activité professionnelle pour contribuer au développement du village en créant son emploi. D’entrée, il n’est plus seul : « Entrepreneur, vous êtes responsable du développement de votre activité, vous êtes appuyé dans la création et le développement de votre activité grâce à des moyens mutualisés dédiés (facturation, outils de gestion…). Après une période de test de votre activité, vous devenez salarié avec tous les droits sociaux liés. »
La première CAE est née à Lyon dans les années 1995. Elles ont essaimé et sont 155 en 2022, c’est dire qu’elles sont principalement installées dans les grandes villes. Or l’éloignement est coûteux et nuisible à la convivialité qu’offre le système. Mais rien n’empêche dans notre vision futuriste d’imaginer créer une antenne locale au niveau du canton reliée à la CAE mère du département pour mutualiser certains services.
A l’adresse des sceptiques, une citation trouvée sur le site du Comptoir: écrite par le philosophe Bertrand Russell. Il y a un siècle, on ne parlait pas encore d’écologie : « Peu d’hommes semblent se rendre compte du grand nombre de maux dont nous souffrons qui sont totalement dépourvus de nécessité, et qu’ils pourraient être abolis par un effort unifié dans l’espace d’un petit nombre d’années. Si une majorité dans tout pays civilisé désirait qu’il en soit ainsi, nous pourrions, dans l’espace de vingt ans, abolir toute la pauvreté abjecte, une bonne moitié des maladies dans le monde, la totalité de l’esclavage économique qui asservit les neuf dixièmes de notre population ; nous pourrions remplir le monde de beauté et de joie, et assurer le règne de la paix universelle. C’est ainsi uniquement parce que l’imagination est stagnante, et que ce qui a toujours été est considéré comme étant ce qui doit toujours être. Avec de la bonne volonté, de la générosité, de l’intelligence, ces choses pourraient être réalisées ».
Bertrand Russell (1872-1970) mathématicien, logicien, philosophe, épistémologue, homme politique et moraliste britannique. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_Russell
https://www.les-cae.coop/