Christine Poupin explique l'écosocialisme : la réponse du NPA à la crise climatique
Christine Poupin, porte-parole nationale du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) a répondu longuement aux questions de Demain en mains. Nous nous interrogions sur la vision écologique d’un parti dit “d’extrême gauche”. Nous avons découvert une perspective humaniste sous la vision révolutionnaire.
Pour les promoteurs d'une société consumériste où le capitalisme est aux racines de tout, le militant altermondialiste est considéré comme plus dangereux que le conservateur autoritaire. Opposé aux idées d’extrême droite sur le champ politique, le NPA y est pourtant abusivement comparé par les animateurs défaillants des médias corporates. Christine Poupin, porte-parole du NPA, nous parle d'écosocialisme, le crédo écologiste et social des anticapitalistes.
Pourquoi parlez-vous d'écosocialisme ?
(…) Les questions sociales, qui restent évidemment extrêmement importantes, ne peuvent pas être envisagées indépendamment des limites planétaires, de la santé des écosystèmes, de la menace climatique. On pense qu’une certaine décroissance s’impose. Si on veut effectivement respecter les 1,5 degré, il faut réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. La question de la réduction de la consommation d’énergie est incontournable et donc aussi pour la production matérielle et des transports.
Un Français moyen émet 9 tonnes d'équivalent CO2 par an. Les plus pauvres sont autour de 6t. Notre quota individuel s'élève à 2t. Comment le NPA organiserait le besoin de réduire la consommation de tout le monde ?
Si on prend la question des transports, évidemment se pose la question du tout camion et du tout auto. Bien sûr, c’est mieux de marcher, de faire du vélo et de prendre les transports collectifs. Sauf que ça dépend de là où on habite, ça dépend du réseau de transport collectif, ça dépend de la possibilité de pratiquer le vélo et donc ça demande des transformations structurelles. Par exemple, on pense qu’il faudrait généraliser les transports collectifs gratuits en même temps qu’un redéploiement de ces transports collectifs.
Les services publics ramenés à chaque Français, c'est déjà une émission de 1,5 tonne de CO2 par an. Comment les préserver tout en passant sous les 2 t ?
De quoi s’agit-il quand on parle de service public ? Ce qui est le plus important, c’est tout ce qui sert à prendre soin des humains et du vivant. Cela doit effectivement être développé.
Notre projet est aussi féministe, il faut socialiser une partie de ces tâches qui repose sur le travail gratuit et invisibilisé des femmes. Redonner à cette dimension du soin une place centrale parce que c’est ça qui réellement permet de vivre mieux et de faire société.
Il y aurait donc encore des solutions à inventer pour réduire les émissions de CO2 de certains secteurs que vous jugez malgré tout indispensables ?
Typiquement, le secteur de l’agriculture industrielle est une catastrophe. À l’opposé, une agriculture paysanne peut avoir un effet bénéfique, y compris sur l’absorption du CO2. Défendre cette agriculture paysanne contre la grosse industrie, ça fait partie intégrante de la lutte contre le changement climatique, contre l’accaparement des terres, contre la pollution de l’eau, etc.
On est très intéressé par la sécurité sociale de l’alimentation qui permet justement de lier le social et l’écologie. On pourrait imaginer d’articuler cela avec les systèmes de restauration collective.
Comment fait-on pour sortir les gens de leur quotidien pour qu'ils puissent s'adonner à des activités citoyennes ?
Réduction massive du temps de travail ! Dans “faire décroître la production matérielle et les transports”, il y a le “travailler moins”. C’est une revendication sur laquelle il faudrait mettre toutes les forces. C'est aussi la socialisation d'un certain nombre de tâches, parce que pour les femmes, une grande partie du temps de travail, c'est du travail invisible et gratuit fait au foyer.
Quel est le point de vue du NPA sur le revenu inconditionnel ?
C'est l'autre chose sur laquelle je voulais insister. On est pour que les jeunes puissent être autonomes à partir de 18 ans, pour faire des études, de la formation et puis vivre de manière indépendante. On est pour le maintien du salaire en cas de licenciement, etc. Mais on insiste sur un autre aspect qui est la gratuité qui est porteuse en termes de projet de société. Par exemple, la question des transports publics collectifs, la gratuité des premiers mètres cubes d'eau, des premiers kilowatts d'électricité... C'est une idée de démarchandisation de la satisfaction des besoins essentiels.