"Capital & Idéologie" : en BD aussi, la fuite en avant vers la consommation

Cette bande dessinée offre sur un plateau l'essentiel du best-seller de 1 197 pages de l'économiste Thomas Piketty en seulement... 172 pages. À tous les pressés, cette lecture est pour vous.

Couverture le la BD

Une BD à lire dans le RER, comme ici, en pensant à ceux qui se déplacent en jet privé.

On peut désormais tricher et dire en soirée : "Capital & Idéologie" ? Oui, bien sûr, j'ai lu cet essai phare de Thomas Piketty, vendu à plus de 2,5 millions de personnes à travers le monde. Si, si, ce pavé de 1 197 pages. Enfin presque, avec la BD éponyme publiée aux éditions Seuil. 

Au fil des bulles, on y suit l'arbre généalogique d'une famille aisée depuis 1789. Sur plusieurs générations, on y découvre leurs combats économiques et politiques, époque après époque, leurs craintes aussi. De la révolution à l'esclavage. De la révolution industrielle à la gestion de leur fortune.

La force de cette BD est de rendre "sexy" des sujets arides. En dessin, il devient plus aisé de comprendre le juste combat que fut l'instauration d'un impôt proportionnel aux revenus. En schéma, l'accumulation des richesses par une petite partie de la population est très parlant. Sur des cartes, l'évasion fiscale n'est plus si trouble. 

Facile également de comprendre les six mesures à mettre en place pour plus de redistribution ou encore la place prise par les salariés dans les conseils d'administration des entreprises en Allemagne. 

Extrait de "Capital et idéologie".

A la fin, on a même cette drôle de sensation : malgré une évolution positive, nos sociétés restent des sociétés de rentiers. Auparavant, via l'immobilier ou l'esclavage. Aujourd'hui, via le capital et un système éducatif qui perpétue de profondes inégalités. Et c'est déjà pas mal de mettre le doigt dessus.

Et la déconsommation dans tout ça ? 

Extrait

Cette thématique, chère à Demain en mains, n'est pas abordée clairement, ni citée dans cette BD. Piketty propose plutôt une approche historique du capital et une déconstruction des croyances qui entoure l'accaparement des richesses par quelques-uns. Une fois encore, la déconsommation semble la grande oubliée de l’Histoire, tant elle bouscule l’ordo-libéraliste ambiant.

Pourtant, quelques pages évoquent cette thématique… C’est le cas avec la partie sur les plans de relance étatique contre les crises économiques. Par exemple, ceux pour sauver les banques lors de la crise des "subprimes" aux Etats-Unis en 2008 ou la planche à billet de la Banque centrale européenne ("quantitative easing"). Ces plans de relance publics colossaux sont décrits comme "une fuite en avant" qui repose sur le prêt et la consommation. Et après ? Rien. Pas le choix : il faut lire Demain en mains.

Extrait.

"Capital & Idéologie" de Claire Alet et Benjamin Adam, d'après le livre de Thomas Piketty (édition Seuil La revue dessinée), 22€90.

Et aussi :

https://www.demain-en-mains.info/fr/et-toujours-les-forets-ou-la-fin-de-labondance

https://www.demain-en-mains.info/fr/manger-ce-que-lon-tue-appartient-lethique-de-sobriete-typique-de-la-deconsommation

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