Agriculture : un problème intentionnellement mal posé
La structure sociale de notre agriculture est à l’image de la société, scandaleusement injuste et mensongère, instrumentalisée au gré des uns et des autres, médias, partis politiques, exécutif…
Avec en toile de fond 4 comparses qui depuis les années 60 ont organisé, financé et mis en œuvre l’édifice qui aujourd’hui s’effondre : la FNSEA, les SAFER, le Crédit agricole et les Chambres d’agriculture. J’oubliais l’ancienne INRA en marge, où, dans l’ombre, des milliers d’ingénieurs sur fonds publics ont inventé la modernité et… entre autres, la disparition des oiseaux en détruisant leurs écosystèmes, l’eau potable toxique, par exemple.
Un gros agriculteur peut sans problème siéger en même temps dans les organes décisionnels de ces quatre structures, soit qu’elles aient un statut coopératif dont il est membre, soit qu’elles soient un organisme public. Et orienter localement la politique agricole principalement dans l’intérêt des gros contre les petits, de l’agrandissement des fermes contre l’installation des néo-ruraux, dans l'opposition à l’agriculture biologique, entre autres.
Il n’y aurait pas vraiment de problème de manque de moyens financiers si les milliards qui sont déjà consacrés au monde agricole étaient affectés là où ils sont nécessaires et non pour entretenir des situations privilégiées qui créent et aggravent les problèmes réels : coût du foncier, remplacement des départs, course au productivisme destructeur. En clair, 80 % des subventions européennes sont versées aux 20 % d’agriculteurs les plus riches (selon Benoît Biteau, député européen) qui n’en ont pas besoin au détriment des autres 80 % dont un quart flirtent avec la faillite et ce qui en découle. Rares sont les médias qui ont mis ces éléments de compréhensions sur les nombreuses tables rondes qu’ils ont organisées pour informer en continu…
Aux vraies questions posées, l’accès au foncier, le renouvellement, l’attractivité du métier, une proposition issue d’un député Modem, Pascal Lecamp, peut retenir l’attention de qui cherche à dégager l’horizon. Elle est au premier abord utopique mais nous savons que ça commence souvent par là.
Il estime que les départs à la retraite des 10 prochaines années vont concerner 170000 exploitations d’une surface moyenne de 70 Ha dont le coût unitaire est de 7000 € (soit environ 80 milliards). Tenant compte de ceux qui ont les moyens de s’installer sans aides, il suffirait à l'État de consacrer 3 à 4 milliards par an pour en acheter la moitié aidant ainsi les autres à s’installer. Bonne idée.
Le modèle instauré sur le Larzac pourrait être reproduit de manière très avantageuse, en favorisant toutes les voies coopératives et la mutualisation qui fait encore gravement défaut au monde agricole et qui coûte cher, notamment en matériels sous employés. Et dans l’optique qui est nôtre d’un réaménagement socio-écologiques des territoires à partir d’associations locales initiatrices qui pourvoiront entre autres et progressivement à la relocalisation alimentaire, pourquoi ne pas imaginer l’affectation à chaque commune qui en ferait la demande d’une surface de terres agricoles en rapport avec sa population afin de mettre en place sa ceinture vivrière ?
Des ONG comme Terres de liens qui associent appels à financement citoyen et financements publics pour aider à l’installation en agriculture biologique seraient des partenaires naturels qui n’attendent que cela pour sortir leur modèle très pertinent de la marginalité. Ils sont pour nous une opportunité d’engagements structurés, « prêts à l’emploi » pour investir les excédents financiers de la déconsommation.
https://www.demain-en-mains.info/fr/au-larzac-une-entreprise-humaine-exemplaire
https://www.demain-en-mains.info/fr/lidee-fondatrice-de-terre-de-liens-20-ans-et-temoigne-de-sa-pertinence