CONTRE LES NUCLÉAIRES CIVILS ET MILITAIRES !
Paul Ariès, politologue, romancier, auteur de « Ecologie et cultures populaires » (éditions Utopia) vient de faire paraitre deux romans : un roman adulte, Le meilleur des mondes végans (éditions A plus d’un titre) et un roman-jeunesse, J’veux plus manger de viande (Golias).
2022 restera dans l’histoire comme l’année de la relance du nucléaire tant civil que militaire et pas seulement en France. Les nucléocrates ne sont plus honteux mais fiers de l’être et offensifs.
Ce n’est donc plus seulement le déni habituel qui l’emporte face à la dangerosité du nucléaire et à l’inaptitude à gérer ses déchets mais l’affirmation que le nucléaire serait la seule solution pour préserver le climat, pour nous offrir une énergie abondante et bon marché et même, dans son versant militaire, pour garantir la paix.
Alors qu’on célèbre le 11ème anniversaire de l’accident de Fukushima, alors que la centrale a toujours besoin d‘être refroidie en permanence, alors que les autorités prévoient de rejeter dans le mer et durant des décennies plus de 1,3 millions de mètres cubes d’eau contaminée stockés sur l’ancien site de la centrale, alors que les cancers de la tyroïde notamment explose, le gouvernement japonais organise à grands coups d’opérations médiatiques le retour des populations dans des zones encore très contaminées. Cela n’empêche pas l’Union européenne d’inscrire le nucléaire au compte des « énergies vertes », malgré l’appel lancé par cinq anciens Premiers-Ministres japonais effrayés par cette folie ! En France, les médias complaisants relaient avec gourmandise les appels de nombreux candidats à la présidentielle à relancer le nucléaire en utilisant toujours les mêmes arguments fallacieux.
Non le nucléaire ne saurait être une réponse à l’urgence climatique en raison déjà des délais de construction des centrales ! Non le nucléaire n’est pas une énergie « propre » puisque les mines d’uranium, sans parler des déchets radioactifs, constituent une menace constante pour les sols et les eaux et ceci durant des centaines de milliers d’années ! Non le nucléaire n’apporte aucune indépendance dès lors que nous achetons l’uranium à l’étranger ! Non le nucléaire ne donne pas une énergie bon marché ! Un exemple : L’EPR de Flamanville, budgété initialement à 3,3 milliards d’euros, coûtera près de 20 milliards…
La guerre en Ukraine rappelle enfin que le choix du nucléaire c’est aussi celui de vivre en permanence sous la menace de frappes ou d’attaques terroristes. Poutine rappelle que le pire est toujours possible lorsqu’il brandit la menace de l’emploi de bombes nucléaires ! Comment ne pas unir aujourd’hui dans une même condamnation le nucléaire civil et la bombe atomique ? Nous avions lancé en 2012 un appel pour l’organisation d’un tribunal Russell sur les crimes nucléaires signé par de nombreuses personnalités.
Cet appel reste toujours malheureusement d’actualité. Il suffit de modifier les dates en remplaçant 2012 par 2022 : « En 1966, le Tribunal Russell-Sartre jugea les crimes de guerre contre l’humanité notamment commis par les Etats-Unis au Viêt-Nam. On y condamna aussi le nucléaire militaire. En 2022, un nouveau Tribunal d’opinion doit juger les crimes du nucléaire civil. Les Tchernobyl et les Fukushima passent mais le nucléaire ne trépasse pas. Le gouvernement japonais lui-même ne cesse de se plaindre de l’opacité que pratique la société gestionnaire donc responsable de la catastrophe humaine et écologique. Ce nouveau Tribunal Russell est indispensable pour que la vérité succède aux mensonges. Ce nouveau Tribunal Russell est indispensable pour que la politique succède à la peur. La parole doit revenir d’abord aux citoyens et à leurs élus et non aux experts mercenaires. Nous ne pouvons pas rester sans agir dans l’attente d’une nouvelle catastrophe (Etats-Unis 1979, URSS 1986, Japon 2011) alors que nous sommes le principal pays nucléocrate ».
La Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires estimait en 2019 que les dépenses des neuf Etats disposant d’armes nucléaires étaient de 72,9 milliards de dollars… soit 138 699 dollars par minute ! L’ONU rappelle que 30 milliards de dollars par an pendant 25 ans permettraient de résoudre le problème de la faim dans le monde.