Minorités aux bords de l’Atlantique

Il y a une différence entre les approches américaine et française en matière de discrimination positive et de soutien aux minorités. Common Future, une ONG américaine, n’hésite pas à parler de minorités ethniques et de communautés noires et indigènes. En France, l’Adive et la Fondation des Femmes utilisent plus volontiers « l’action ciblée ».

Les filles de Paris parlent de banlieue par Alain Bachellier via Flickr
Les filles de Paris parlent de banlieue © Alain Bachellier / Flickr

C'est sans doute parce que les États-Unis souffrent d'un problème de racisme historique (la fin de la ségrégation raciale y est légalement déclarée en 1968), qu'ils ont été les précurseurs de la ségrégation positive. On ne s'étonne pas d'y trouver des organisations comme Common Futur, organisation non gouvernementale américaine, qui affirme ouvertement « Depuis plus de 20 ans, nous nous efforçons de réduire l’écart de richesse raciale et de modéliser l’avenir que nous souhaitons. »

C’est peut-être aussi, parce qu’en France le racisme est sous-terrain, que la discrimination positive à du mal à y prendre pied. Dans une nation qui préfère mettre en avant les droits de l’homme plutôt que la liberté de chacun, la discrimination, fut-elle positive, est vue comme une mauvaise solution.

Common Future vise aussi à construire un avenir équitable et inclusif. Elle cherche à transformer les systèmes économiques et sociaux. Elle travaille sur des initiatives en direction des communautés. Elle chamboule le concept de rentabilité pour y inclure des valeurs de justice sociale, cela via un réseau d’influence, construit à travers des politiques, des partenariats, des coalitions… Elle cherche à démontrer qu'une économie équitable, prenant en compte les inégalités historiques, est possible.

Autant d’actions qui feraient dresser les cheveux sur la tête de nos républicains traditionnels. Ici, en France, le communautarisme est abhorré et la discrimination positive vue comme un cheval de Troie du séparatisme. Pourtant, à écouter l’extrême droite, il n’y a pas de mal à discriminer les étrangers (comme dans la loi immigration du 26 janvier). Et en écoutant entre les lignes des bourdes de la ministre de l’Éducation, Oudéa-Castera, le séparatisme est parfois bon, quand ils profitent aux plus fortunés.

En France, le Fonds Social Européen a pour objectif de soutenir l'intégration économique et sociale des migrants et des minorités ethniques, reconnaissant leur contribution précieuse à l'économie et à la cohésion sociale.

Adive se consacre depuis 2009 au soutien du développement économique des Quartiers. L'organisation travaille à promouvoir l'entrepreneuriat dans les communautés diversifiées, en offrant des opportunités de financement, des conseils et un soutien pour les entreprises sociales françaises.

Si la législation interdit la collecte de donnés ethniques ou la discrimination, elle autorise des mesures de soutien ciblées. Par exemple, des politiques visant à soutenir les femmes, les personnes handicapées, ou les résidents de zones géographiques défavorisées.

La fondation des femmes ne se contente pas de lutter contre les violences faites aux femmes. Pour promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes, elle soutient les femmes entrepreneures et promeut l'égalité professionnelle et leur autonomie économique.

Mais si nous cherchons à construire un monde écologiquement viable et socialement juste, ne faudrait-il pas y aller plus franchement, et admettre, comme Common Futur, que « notre système économique ne fonctionne pas pour tout le monde » ? Que l’histoire de notre pays demande une remise à plat des richesses ? Thomas Piketty, dans Le capital au XXIe Siècle (2013) théorise « l’héritage pour tous », un capital de 120000 euros donné à chaque citoyen, à 25 ans. Une proposition qui questionne notre conception de la propriété privée, mais aussi du droit de naissance.